Des parasites dans le ventre des dinosaures
On a découvert des restes de parasites fossilisés dans le ventre d’un fossile de dinosaure. Cette découverte a été faite dans un spécimen de dinosaure à « bec de canard » (brachylophosaure ou brachylophosaurus) exceptionnellement bien conservé découvert dans des roches de la Judith River Formation prés de Malta (USA, Montana).
Le professeur Karen Chin (Département des sciences géologiques de l’université de Boulder) et un étudiant identifièrent plus de 200 marques possibles de parasites dans 17 échantillons d’intestin dudit dinosaure qui auraient pu être faites par des petits vers similaires aux annélides et aux nématodes qui infectent les animaux aujourd’hui.
« Les traces fossiles d’interactions entre les dinosaures et les invertébrés proviennent habituellement des insectes » affirme Chin, aussi conservatrice en paléontologie pour le University of Colorado Museum et une experte reconnue en trace fossiles. « Cette recherche est excitante parce qu’elle donne des preuves de mouvement de minuscules organismes à corps mou dans la cavité intestinale des dinosaures ».
Les découvertes ont été présentées au 118ème meeting annuel de la Geological Society of America du 22 au 25 Octobre 2006 à Philadelphia. Le dinosaure, un brachylophosaure surnommé « Leonardo », fut excavé en 2000 et 2001 par un équipe dirigée par Nate Murphy, conservateur en paléontologie du Phillips County Museum à Malta (USA, Montana). La conservation de ce spécimen minéralisé depuis des années est exceptionnelle.
L’étudiant, qui a reçu son master de l’université de Boulder en août 2006, dit que le contenu de l’estomac montre seulement un seul type de traces. Et ajoute : « Habituellement, une carcasse attire de nombreux charognards, elle est alors dispersée. Puisque la carcasse a été apparemment enterrée avant qu’elle ne tombe en morceaux, nous pensons que des parasites ont vécu à l’intérieur de l’animal après sa mort« .
Les dinosaures à bec de canards étaient des végétivores qui mesuraient jusqu’à 50 pieds (environ 15 mètres) de long et pesaient jusqu’à 3 tonnes. Des indices mis en évidence par des paléontologistes du Montana montrent qu’ils migraient vers leur lieu de nidification et prenaient soin de leur petit après leur éclosion.
Certains scientifiques pensent que leur crête pouvait servir de chambre de résonance pour rendre plus grave et plus forte la communication entre eux.
Le contenu intestinal de Leonardo était composé d’un mélange de fragments de plantes de la taille d’un ongle mélangé à une matrice riche en sédiments argileux. Les minuscules marques visibles dans le contenu gastrique ont été analysées avec des microscopes connectés à des écrans d’ordinateurs pour dresser des cartes de leur taille et de leur trajectoire.
Les chercheurs de l’université de Boulder ont compté au moins 10 cas de «marques appariées» partageant un même chemin dans l’intestin du dinosaure, et dans plusieurs cas ces marques montrent des changements de direction, suggérant qu’elles ont été faites par deux individus en même temps, dit Chin. Les itinéraires parallèles suggèrent les périodes courtes de contact soutenu, qui pourraient être liées à une interaction sociale telle que l’accouplement, ajoute-t-elle.
En plus, un collaborateur, Dennis Braman du « Canadian Royal Tyrrell Museum de Drumheller » (USA, Alberta) a découvert 40 plantes différentes dans la région de l’intestin de la carcasse du dinosaure.
Le grand intérêt de tout cela est de comprendre mieux l’environnement des dinosaures, en incluant ce qu’ils mangeaient et comment ils interagissaient avec leurs contemporains.
Chin, dont les recherches se concentrent sur la structure et la dynamique des anciens écosystèmes en utilisant les traces fossiles, est considérée comme l’une des expertes mondiales en coprolithes (des fèces fossiles). En 1998 elle étudia les premiers coprolithes de Tyranosaurus Rex, qui contenaient des morceaux de dinosaures végétivores.